Usufruit et construction d’une piscine : Les implications de la propriété et de la garantie décennale

La construction d’une piscine couverte peut être un projet excitant pour un particulier qui bénéficie de l’usufruit d’un terrain appartenant à une société civile immobilière (SCI). Cependant, en cas de désordres postérieurs à la livraison, les questions de propriété et de responsabilité peuvent surgir. Cet article examine le cas d’une SCI qui, se plaignant de désordres, a assigné les entrepreneurs et leurs assureurs en indemnisation au titre de la garantie décennale, mais a échoué en raison des implications de l’usufruit et de la propriété.

1. Le lien entre usufruit, propriété et construction

Selon le Code civil, la propriété du sol comprend la propriété du dessus et du dessous. Lorsqu’un usufruitier édifie une construction nouvelle sur le terrain, le droit d’accession du nu-propriétaire, dans le cas d’une absence de convention spécifique, est régi par l’article 555 du Code civil. Ce droit d’accession n’opère qu’à la fin de l’usufruit.

2. Implications juridiques de la situation

Dans le cas présent, l’usufruitier a confié la construction de la piscine à plusieurs entreprises et a payé les travaux. Cependant, les juges ont conclu que la SCI, en tant que nu-propriétaire, n’était pas devenue propriétaire de la piscine, car l’usufruit n’avait pas pris fin. Par conséquent, la SCI n’était pas en mesure d’exercer l’action en garantie décennale réservée à la propriété de l’ouvrage.

3. Importance des conventions spécifiques

Pour éviter de telles situations, il est recommandé d’établir des conventions spécifiques entre l’usufruitier et la SCI pour régler le sort des constructions nouvelles réalisées pendant la durée de l’usufruit. Ces conventions peuvent préciser les droits et responsabilités de chaque partie et déterminer qui devient propriétaire de la construction à la fin de l’usufruit.

4. Conséquences pour la SCI et les professionnels de la construction

La décision des juges signifie que la SCI n’a pas pu obtenir une indemnisation au titre de la garantie décennale pour les désordres survenus après la livraison de la piscine. Les professionnels de la construction, ainsi que leurs assureurs, ont été déchargés de toute responsabilité dans cette affaire spécifique en raison de l’absence de propriété de la SCI sur l’ouvrage.

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Dans le cas d’une construction réalisée pendant la durée de l’usufruit, il est essentiel de prendre en compte les implications de la propriété et de la garantie décennale. En l’absence de conventions spécifiques régissant le sort de la construction, l’usufruitier peut conserver la propriété jusqu’à la fin de l’usufruit, ce qui peut affecter les droits et les recours de la SCI en cas de désordres. Il est recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit immobilier pour obtenir des conseils adaptés à une situation particulière afin de prévenir de tels litiges et d’assurer la protection des intérêts de toutes les parties impliquées.

Il est essentiel de comprendre que la situation juridique dans le cas d’une construction réalisée pendant l’usufruit peut être complexe et varier en fonction des lois et des circonstances spécifiques. Par conséquent, il est fortement recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit immobilier pour obtenir une analyse approfondie de la situation et des conseils juridiques personnalisés.

Cour de cassation 3ème chambre civile, 13 avril 2023, pourvoi n° 22-10.487